Sportivement martial ?
Japon- Avril 1957 Décès de Funakoshi Gichin
Japon- Octobre 1957 Premier championnat de karaté
À mes tout début, ceinture jaune, j’ai pris part à mon premier championnat au PEPS de l’Université Laval, à Québec. À cette époque, nous appelions ce tournoi le « Championnat nord-américain » qui est l’ancêtre du prestigieux Québec Open de karaté. J’avais 17 ans. J’étais jeune, fringuant, soif de gloire et de notoriété. Étant toujours le plus petit dans tous les sports pratiqués précédemment, j’ai trouvé ma « voie » dans le karaté car je pouvais finalement m’accomplir dans un sport. Je n’étais pas obligé d’être grand et costaud. J’étais rapide et agile alors je m’en sortais très bien.
Après plusieurs années, je me considérais soudainement un pratiquant martial traditionnel. J’aimais les katas, le maniement des armes (kobudo), le self-défense. Toutefois je considérais que la compétition était une pratique non enrichissante.
J’ai décidé, alors, de parfaire mes connaissances de ce qu’est le karaté traditionnel. J’ai adoré ! On répétait plusieurs techniques simples sans arrêt, les entraînements étaient intenses et l’instructeur brillait par ses exemples. J’étais tout simplement emballé de compter en japonais et d’avoir finalement trouvé l’esprit du véritable karaté…
Moi qui considérais la compétition non nécessaire, imaginer ma surprise lorsque l’on m’invita à y participer.
On me disait que j’avais du talent, que ça serait bon pour le dojo. Évidemment, inconsciemment je me voyais très bien en compétition toutefois comme je l’ai mentionné précédemment je n’étais pas là pour ça. J’étais en quête de quelque chose d’autre. En quête de réponse sur ce qu’était le VRAI karaté!
Toutefois les circonstances de mon cheminement personnel a fait en sorte que j’ai dû cesser la pratique du karaté dit « traditionnel ». Il était devenu difficile de concilier travail, retour aux études et entraînement entrainement.
Un questionnement s’imposait :
Qu’est-ce que le karaté martial ?
Qu’est-ce que le karaté « traditionnel »?
Peut-on se dire pratiquant martial et compétiteur aguerri ?
Je crois que chaque individu peut trouver sa voie, peu importe la dimension choisie qu’offre le karaté. Il est important d’y trouver un équilibre. On peut être un excellent karatéka et prendre part à des compétitions. Ce qui est primordial dans tout ça, c’est de ne pas décrier la pratique de l’un ou de l’autre.
Chacun doit suivre son chemin seul… il doit suivre SA VOIE, faire SON CHOIX. On peut se rendre à destination ou arriver à son but en suivant plusieurs chemins. N’est-il pas primordial qu’au bout du compte le chemin choisi est celui ou on a trouvé ce que l’on cherchait: l’accomplissement de soi…
Bref, Funakoshi Gichin était contre les confrontations compétitives. Par respect pour Funakoshi, son successeur, Senseï Masatoshi Nakayama, a patienté jusqu’au départ de son mentor pour mettre en place le premier championnat de karaté. Je suis convaincu que cette décision fut une de ses meilleures.
Que retenir de tout ça ? Se mesurer à autrui nous force à nous dépasser et nous permet d’atteindre une compréhension de notre propre personne. Certains trouveront que la compétition est une motivation extrinsèque et qu’elle n’est pas autant valable que celle du pratiquant martial traditionnel… Mais, il faut aussi comprendre que la société évolue, les modes changent, l’être humain s’adapte et évolue également. Il ne faut surtout pas rester figés dans le temps, il faut continuer l’entraînement c’est ce qui vous aidera à devenir meilleur non seulement sur le tatami mais également dans la vie de tous les jours.
Crédit photo : Jean-François Letarte
Marc-André Parent B.Sc. Intervention sportive
Dès les premiers coups de poing à son premier entrainement, Marc-André a eu la piqûre pour les arts martiaux. Il a débuté l’enseignement à titre d’assistant très tôt et s’est vu naitre une passion qui depuis 20 ans ne cesse de croitre.
Titulaire d’un 4e dan en Nick Cerio’s Kenpo, ceinture marron en shotokan et bachelier en intervention sportive, instructeur certifié niveau 2 par la FQBO.
Dans ses articles, il vous partage ses opinions sur plusieurs sujets d’actualités entourant le monde des sports de combat.
Il a pour mission de nous interroger, de réfléchir mais surtout d’échanger avec tous les pratiquants.