La confiance en soi chez votre enfant
Durant tout mon cheminement en arts martiaux, je me suis interrogé souvent sur mes capacités à me défendre ou à réagir face à une agression. Est-ce que je pouvais réaliser toutes mes techniques de combat simulées contre un ou plusieurs adversaires ? Serais-je en mesure de me protéger ou de protéger ma copine ? Ces questions m’ont longtemps hanté. Je ne crois pas avoir de réponses claires et concrètes à fournir, toutefois je me suis fait un devoir de comprendre et d’expliquer le concept de confiance en soi. Ce concept pourrait s’avérer un atout précieux dans le cheminement de tout karatéka.
La veille de mon examen de ceinture noire, mon instructeur de l’époque m’avait confié que je ne serais plus le même après mon passage de grade. Après cette longue épreuve, je me souviens m’être étendu sur mon lit, ma ceinture neuve à côté de moi et j’attendais un « genre » d’illumination ! Devenir plus fort ? … plus flexible ? Soudainement posséder des dons de Superman ou de l’homme de 6 millions ?
Bref, je fus bien déçu le lendemain matin. Me réveillant courbaturer comme si un train m’avait passé dessus et sans aucun pouvoir magique, j’avais l’impression d’être le même jeune homme… Ce que j’ignorais c’est que j’avais acquis un degré de confiance en moi. Mais qu’est-ce que c’est « la Confiance »? Clarifions ce concept afin de nous y retrouver.
En psychologie, il y existe plusieurs types ou modèles de confiance en soi. La théorie que l’auto-efficacité de Bandura (1997) est l’une des plus récentes et s’applique bien à un contexte de réalisation personnelle en activité physique. Les gens ont la forte conviction d’être capables de réaliser ce qui est demandé. Pour se faire, les athlètes doivent faire preuve de motivation et surtout être prêts à tout mettre en œuvre pour réussir. Quatre éléments sont nécessaires.
- Exécution réussie de la tâche;
- Expérience vicariante (un modèle vivant de réussite);
- Rétroactions positives;
- Être attentif.
Si l’on veut que ça fonctionne, il va de soi que le pratiquant doit connaître du succès. Si ce n’est pas le cas, l’auto-efficacité ne se développera jamais. Quand l’enfant ou l’athlète se retrouve en situation d’échec, il est important de modifier l’exercice afin de le rendre accessible.
Lors d’une démonstration, le jeune pratiquant se met dans la peau de celui qui l’exécute. On appelle ce comportement de l’apprentissage par observation / modélisation. L’enfant a besoin, pour apprendre, de copier un modèle. L’expérience vicariante du succès est un excellent point de départ pour réussir lors d’un moment décisif.
La persuasion verbale est une forme d’encouragement de l’entourage immédiat: entraîneurs, parents et même les amis. Ces rétroactions ont pour incidence de laisser penser à l’enfant qu’il est bon. Il y a une nuance à faire entre mentir sur la performance et divulguer des rétroactions positives. Tout sera dans la manière de le dire. On peut se passer de commentaires négatifs. Ils nuiront plus dans l’apprentissage et favoriseront l’abandon de l’activité.
Finalement, l’enfant qui pratique doit être le plus attentif possible afin de l’aider à accomplir la tâche. Son sentiment d’efficacité se développera plus facilement.
Lorsqu’on dit que les enfants sont des éponges, nous n’avons pas tort. Il est très facile pour un parent d’émettre un commentaire sans penser que cela peut affecter leur enfant dans leur pratique. Travaillant en coopération avec les instructeurs et toujours encourager l’enfant lorsqu’il fait de bons coups est la clef de la réussite.
Il suffit de regarder la fierté d’un enfant lorsqu’il passe un grade et que son père ou sa mère le félicite. Ce moment est pour lui un championnat du monde ! Même s’il ne dispose pas de toutes les prédispositions favorables, l’important c’est de le préparer à affronter la vie.
Devenir un athlète olympique c’est une chose… mais devenir une bonne personne c’est encore mieux !
Crédit photo : Jean-François Letarte
Marc-André Parent B.Sc. Intervention sportive
Dès les premiers coups de poing à son premier entrainement, Marc-André a eu la piqûre pour les arts martiaux. Il a débuté l’enseignement à titre d’assistant très tôt et s’est vu naitre une passion qui depuis 20 ans ne cesse de croitre.
Titulaire d’un 4e dan en Nick Cerio’s Kenpo, ceinture marron en shotokan et bachelier en intervention sportive, instructeur certifié niveau 2 par la FQBO.
Dans ses articles, il vous partage ses opinions sur plusieurs sujets d’actualités entourant le monde des sports de combat.
Il a pour mission de nous interroger, de réfléchir mais surtout d’échanger avec tous les pratiquants.