« Une chance qu’elle était là ! »

Mai 1999. J’ai chaud… j’ai des sueurs… j’ai la nausée. Cela fait déjà trois fois que je me traîne à la salle de bain parce que mon stress me fait vomir. Je suis certain d’échouer mon examen de ceinture noire !

La salle de bain du premier dojo de Québec sur la rue St-Vallier était à peine plus grosse qu’une petite garde-robe. Je suis épuisé … j’ai vomi trois fois.  Je suis convaincu que mon examen de ceinture noire, débuté depuis une heure, vire à la catastrophe.  Un de mes amis,  ceinture noire, essaye de me motiver, certains de me réconforter, tout ceux qui entrent dans le vestiaire pour m’encourager repartent bredouille. Et je me dis que probablement je n’ai pas ce qu’il faut finalement pour devenir ceinture noire. C’était peine perdue, le stress semble avoir gagné.

Mais elle est arrivée. Cette dame là…je l’aimais bien. Toujours gentille avec moi. Toujours avec le sourire. Une dame dans la cinquantaine qui enseignait à l’époque au groupe de 3 à 5 ans. En la voyant, j’ai espéré qu’elle me parlerait doucement…  Elle a d’abord demandé, sur un ton assez direct, à tous ceux qui étaient présents de sortir.

Je m’apitoyais sur mon sort et lui répétais que je voulais retourner chez moi. Que j’avais échoué ! C’est alors, que j’ai eu une des plus grandes leçons de ma vie.  J’ai eu le droit et le «privilège» de me faire remettre à ma place par madame Lise Jacques. J’ai tellement eu peur …que mon stress est disparu d’un coup.  J’ai tellement été secoué par les propos de madame Lise (propos qui resteront sous silence), que je me suis ressaisis. Plus confiant que jamais, je suis retourné sur le tatami pour effectuer mes katas devant Maitre Poulin.  Je ne pense pas avoir eu autant d’énergie et de détermination qu’à ce moment-là. Mes enchaînements, mes mouvements étaient exécutés avec force, précision et vitesse. J’étais redevenu le karatéka que je voulais être. J’ai passé mon examen avec mention. Aujourd’hui, je suis conscient que sans l’intervention de cette femme, Madame Lise Jacques, je ne serais pas instructeur car j’aurais sans doute laissé tomber….

Pourquoi vous faire un article sur Madame Lise Jacques. Il va de soi que, pour plusieurs d’entre vous, Elle ne vous dit probablement rien. Par contre elle est toujours présente. Elle fait partie du Cercle des Sages (comparable à un conseil technique sur le développement des Studios Unis). Elle pratique les arts martiaux depuis plus de 35 ans. Elle pratique également le Tai Chi et c’est à elle qu’on doit le programme des « bouts-choux » créé au studio de Québec dans les années 90.  Très proche de Professeur Cerio pendant de nombreuses années, elle a pu discuter et échanger sur ce que sont les arts martiaux et son développement au niveau interne. Si vous ne croyez pas à l’énergie interne, je ne vous souhaite jamais de vous faire bloquer un coup par Madame Lise, vous aurez l’impression que votre bras se désintègre !

Madame Lise a sans doute été une des premières femmes à enseigner le karaté régulièrement chez les Studios Unis. Il n’était pas évident dans un monde d’homme de faire sa place dans la pratique mais aussi dans l’enseignement. Elle a ouvert la porte à plusieurs femmes que l’on côtoie maintenant dans les dojos des Studios Unis. Selon moi, c’est un peu grâce à elle qu’aujourd’hui que les femmes ont une place de choix dans l’enseignement dans notre fédération.

Madame Lise s’est retirée de l’enseignement depuis quelques années et son œuvre se poursuit à travers une nouvelle génération. Les souliers étaient grands à porter mais les nouvelles instructrices savent relever le défi avec adresse.

Je vous invite à discuter avec elle vous serez surpris et ravi d’apprendre sur les arts martiaux internes, sur la philosophie et la vision de l’art martial que nous n’osons pas souvent abordés.

Madame Lise, ce texte ne reflète qu’une toute petite partie de la reconnaissance que j’ai envers vous.  Vous m’avez permis, avec des mots judicieux,  de trouver mon énergie lorsque j’en avais grandement besoin. Je prends l’initiative de vous dire « Merci ! » de la part des Studios Unis.

Grâce à vous, les autres femmes ont pu suivre vos pas et entrer par la porte laissée ouverte derrière vous.

Sans vous, la fédération des Studios Unis ne serait pas ce qu’elle est.

Vous êtes une grande dame dans une grande organisation !

 

Crédit photo : Jean-François Letarte

Marc-André Parent B.Sc. Intervention sportive

Dès les premiers coups de poing à son premier entrainement, Marc-André a eu la piqûre pour les arts martiaux. Il a débuté l’enseignement à titre d’assistant très tôt et s’est vu naitre une passion qui depuis 20 ans ne ceMAP (4) (Small)sse de croitre.

Titulaire d’un 4e dan en Nick Cerio’s Kenpo, ceinture marron en shotokan et bachelier en intervention sportive, instructeur certifié niveau 2 par la FQBO.  

Dans ses articles, il vous partage ses opinions sur plusieurs sujets d’actualités entourant le monde des sports de combat.

Il a pour mission de nous interroger, de réfléchir mais surtout d’échanger avec tous les pratiquants.